Le 28 mars, les élèves de Mme De Potter ont pu assister à une représentation des Caprices de Marianne de Musset, dans une adaptation et mise en scène de Philippe Calvario avec Zoé Adjani, Philippe Calvario, Mikaël Mittelstadt en alternance avec Pierre Hurel, Hameza El Omari, Delphine Rich, Christof Veillon.
Qui est vraiment la belle Marianne ? Une jeune épouse vertueuse et inaccessible ou bien une jeune femme capricieuse qui décide de prendre un amant et tombe sous le charme du libertin Octave, alors qu’il est venu plaider pour son ami Coelio ?
Cette femme forte, digne, intelligente, affirme son refus : elle ne veut pas être traitée comme un objet, ne veut pas que l’on décide pour elle, ni céder aux sérénades que l’on chante sous ses fenêtres ; mais elle refuse aussi de se plier aux ordres d’un mari jaloux qui a décidé de la tenir enfermée.
Marianne affirme donc la liberté des femmes et leur valeur. Elle remet en question l’opinion masculine qui voudrait réduire la femme à un objet de plaisir : "Qu'est-ce après tout une femme ? L'occupation d'un moment, une coupe fragile qui renferme une goutte de rosée, qu'on porte à ses lèvres et qu'on jette par-dessus son épaule. Une femme ! c'est une partie de plaisir ! Ne pourrait-on pas dire quand on en rencontre une: voilà une belle nuit qui passe ? Et ne serait-ce pas un grand écolier en de telles matières, que celui qui baisserait les yeux devant elle, qui se dirait tout bas : «Voilà peut-être le bonheur d'une vie entière, et qui la laisserait passer ? »"
Comment ne pas se révolter lorsque l’on est une femme au XIXème et que l’on comprend le piège que constituent ces deux injonctions : céder aux séducteurs et être considérée comme immorale ou refuser de leur céder et être perçue comme un monstre sans cœur.
Mais lorsque Marianne cède à son caprice pour affirmer sa liberté, cela entraîne le drame. Celui qu’elle choisit, Octave, n’est pas capable de l’aimer comme elle le souhaite car c’est un libertin, et celui qu’elle rejette, Coelio, l’aurait aimée d’un amour sublime.
Mais elle n’en saura jamais rien. Coelio, personnage romantique et amant tragique, mourra avec la certitude que Marianne ne l’aime pas. Bien pire, il sera persuadé que son ami Octave l’a trahi.
Dans cette mise en scène simple, mais dynamique de Philippe Calvario, Marianne est interprétée par la vibrante Zoé Adjani (nièce de…) qui donne une belle vivacité au personnage. Elle incarne à merveille l’intelligence de cette femme, face à Christof Veillon dans le rôle d’Octave, grâce à l’esprit qu’elle insuffle à ses tirades dans les joutes verbales et amoureuses qui les opposent. Elle se montre tout à fait apte à lui tenir tête dans l’art de la répartie. On sent tout à la fois la force et la fragilité de cette femme mal mariée, dont les aspirations à aimer seront malheureusement brisées.
Pierre Hurel, tout de noir vêtu, personnage romantique au regard perdu, semble appartenir à un autre monde. Il incarne avec intensité Coelio, le poète amoureux, le rêveur mélancolique, le héros tragique. Il représente à la fois la pureté de la jeunesse, dont les excès peuvent nous faire sourire, avant de nous toucher au cœur par la noblesse de ses sentiments. Nous pressentons qu’il ne qu’il ne peut que vivre ou mourir, victime tragique de ces amours croisées : « Le souffle de ma vie est à Marianne ; elle peut d'un mot de ses lèvres l'anéantir ou l'embraser. Vivre pour une autre me serait plus difficile que de mourir pour elle ; ou je réussirai, ou je me tuerai ».